Editor’s Note: Translated from French. French version below.
There are times when you find yourself just sitting in the grass or on a lawn, facing your new life. Some memories magically reappear in your head. Magical images of the most unforgettable events of your life in a whirlwind. There is one in particular that has forever marked my career as a young props designer.
Merely a few seconds of my existence in complete suspension in time. Here is the story of the two longest minutes, the most magical, stressful and most poignant of my career.
We are in 2009, in the midst of the creation of Franco Dragone’s new show in Macau. Work days start early and finish late. We manufacture the props requested often only the very previous day by the famous director. That day, there is talk of a small, floating boat in the form of a Red Dragon. This piece must evoke the handcrafted lanterns of Maçao visible every year during the Spring Festival. A nod to the city we’ve been discovering and exploring for only a few weeks.
The little dragon in question will be the conductive thread of the show based on the poetic explanations of the great Stage, Theatre and Set Designer: Michel Crète. This naive little object made of wire and pieces of silk will trigger the major moments of choreographic and acrobatic performance and gear up the monstrously complex machine that we are trying to develop.
We set to work without delay with my teammate to make this object of floating light in record time. Test after test, it is finally ready for the fateful test. The stage holds its breath, waiting to convince the master of the space. The day of reckoning has come, and I prepare the floating emblem with the greatest attention.
Stationed near the Eastern entrance of the aquatic arena, the pressure mounts from moment to moment. My Dragon and I will have only one chance to show the best of ourselves. The hour of the rehearsal has come. The team is in place, the artists finish their warm-up behind the scenes tinged with blue. Everyone can feel the stress and excitement. The mere idea of hearing one’s name over the PA system knots the stomach filled with a million butterflies. We are only at the beginning of a long and intense afternoon of waiting, choreography, incessant repetitions of gestures and music, of “Shake the Stage” as Franco so often says.
Clinging to my headset awaiting the call of my name or that of the little Red Dragon.
Several hours pass without success. The waiting can be delayed or even never come as in the creation process – nothing is certain nor entirely predictable. It is all one immense suspended and interdependent moment.
Maybe in 1 minute or an hour, in a week or never, that’s the difficulty. Be ready at any moment. The hours pass by, the stage paintings are composed, modified, accepted, modeled, rejected and repainted under our wide eyes. Immersed in the bluish dark of the wings around the immense pool, only a miniscule space between the curtains permits a glimpse of the magic of the show in its creation.
“Where is the dragon?”
I jump, heart pounding at at least 140 BPM (beats per minute)! A jolt that causes me to jump grabbing my silk toy – ready to enter the arena. The silence is icy, we call it the stillness of the “Cathedral”. The entire stage has been transformed into an immense lake-like pool with only a mere projector in view; an open ocean of space waiting to be transformed.
“GO” rings out the voice of the Stage Manager.
I think I’m shaking. I AM shaking…Here I am taking my first steps in this black vortex with only the path of the master showing the way. It’s cold and I feel chilled by the eyes on me of all my colleagues and spectators!! I advance towards the center without a word and without prepared gesture. I am asked to place the Dragon in the water, which I do with the greatest of care. I then grab the little string to set him to sail with the greatest of attention.
Not a sound, not even a fly could disturb this moment filled with naivety.
One lap around the pool, then two … no more … I leave as silently as I’d arrived, the little Dragon in my arms like a child jealously hiding his new Christmas present. The Little Red Dragon.
At the end of this day, the little Dragon would not be selected to open the spectacle of the show. It would be replaced by a wooden Junk boat far easier to handle. However, my greatest reward was the sweet confession of Michel Crète, who a few days later would tell me that this scene was the most poetic and sincere of the whole period of creation. Here is the story of this handful of seconds that will have forever marked my young career as a prop designer.
That emotion that persists in my strongest memories and remains as part of the passion I carry since. A lasting and beautiful lesson that shows how the simplest things are often the most effective for touching hearts.
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Il y a des jours où vous vous asseyez dans l’herbe, face à votre nouvelle vie. Quelques souvenirs ressurgissent comme par magie dans votre tête. Les films des événements les plus inoubliables de votre existence se bousculent. En voici un qui a marqué à jamais ma carrière de jeune accessoiriste Quelques secondes de mon existence en totale lévitation temporelle. Voici donc le récit des deux minutes les plus longues, les plus magiques, les plus stressantes et les plus poignantes de mon parcours professionnel.
Nous sommes en 2009, en pleine création du nouveau spectacle de Franco Dragone à Macao. Les journées de travail commencent tôt et finissent tard. Nous fabriquons les accessoires deman- dés la veille par le fameux metteur en scène. Ce jour là, il est question d’un petit bateau flottant lu- mineux, prenant la forme d’un dragon rouge. Celui ci doit évoquer les lanternes artisanales de Ma- cao visibles toutes les années lors du Spring Festival. Clin d’œil à la ville que nous explorons de- puis seulement quelques semaines.
Le petit Dragon en question sera le fil conducteur du spectacle d’après les explications poétiques du formidable Scénographe Michel Crète. Ce petit objet naïf fait de fil de fer et de morceaux de soie s’affichera comme les trois coups au théâtre, déclencheur de la grande machine chorégra- phique, acrobatique et monstrueusement complexe que nous tentons de mettre au point.
Nous nous mettons à l’œuvre sans tarder avec ma coéquipière pour réaliser en un temps record cette babiole de lumière flottante. Test après test, le voici enfin prêt pour le test fatidique. La scène l’attend pour convaincre le maître des lieux.
Le jour est venu et je prépare avec la plus grande attention le petit joujou en tissu de 50 m de long. Postée proche de l’entrée, EST, de l’arène aquatique, la pression monte de minute en minute. Mon dragon et moi n’aurons qu’une chance pour montrer le meilleur de nous même. L’heure de la répétition a sonné. L’équipe est en place, les artistes finissent leur échauffement dans les coulisses teintées de bleu. On peut palper le stress.
La simple idée d’entendre son nom prononcé par les speakers nous serre les « boyaux ». Nous ne sommes qu’au début d’une longue et intense après midi d’attente, d’enchaînements de chorégraphie, de répétitions incessantes de gestes et de musiques, de “shake the stage” comme Franco le dit. Accrochée à mon casque, j’attends l’appel de mon nom ou de celui du petit dragon rouge. Plusieurs heures se passent, sans succès. L’appel ne peut d’ailleurs jamais arriver car rien n’est gagné en période de création.
Peut être dans 1 minute ou dans une heure, dans une semaine ou jamais, voilà toute la difficulté. Être prête à n’importe quel instant. Les heures défilent, les tableaux se font et se défont sous nos yeux écarquillés. Plongés dans le noir bleuté des coulisses humides, seul un petit espace entre les rideaux nous laisse apercevoir la magie du spectacle en cours.
“Où est le dragon ?”
Je sursaute, palpitations à 140 au moins ! Électrochoc qui me fait bondir en empoignant mon jouet de soie. Prête à entrer dans l’arène. Le silence est glaciale, nous l’appe- lons le silence “Cathédrale”. Un projecteur seulement frôle la surface du sol ,à cet instant, trans- formé en bassin d’eau.
“GO” me dit la voie du Stage Manager.
Je crois bien que je tremble. Me voilà effectuer mes premiers pas dans ce vortex noir ne faisant transparaître que la voie du maître. Il fait froid et je sens les regards des quelques spectateurs me glacent !! J’avance vers le centre sans un mot et sans un geste improvisé. On me demande de déposer le Dragon dans l’eau, chose que je m’active à faire avec le plus grand soin. J’attrape ensuite la petite ficelle difficilement placée pour faire naviguer l’objet de toutes les attentions.
Pas un bruit, pas une mouche qui ne sauraient perturber cet instant rempli de naïveté. Un tour, puis deux…Rein de plus… Je repars silencieusement comme je suis arrivée, le petit dragon dans les bras telle une enfant cachant jalousement son nouveau cadeau de Noël. Le petit dragon Rouge.
A la fin de cette journée, le petit dragon se sera pas retenu pour ouvrir le spectacle. Il sera rem- placé par une jonque de bois plus facile à manipuler. Cependant ma plus belle récompense a été le doux aveu de Michel Crète, qui, quelques jour plus tard me parlera de cette scène comme de la plus poétique et sincère de toute la période de création.
Voici donc l’histoire de cette poignée de secondes qui aura à jamais marqué ma jeune carrière d’accessoiriste. Émotion qui perdure dans mes souvenirs les plus forts. Bien belle leçon qui montre aussi que les choses les plus simples sont souvent les plus efficaces pour toucher les cœurs.
Also by Aurelie Gandilhon:
Artist’s Block: The Blank Page